La douane et terminal de bus, construits à la frontière
avec l’Egypte, à Rafah, est aussi un bâtiment
condamné au silence. Après avoir traversé
un grand portail et être entrés dans un jardin
très soigné, nous trouvons le Terminal, une
bâtisse simple, basse, étendue sur le terrain.
Un espace humanisé, enfin une construction qui n’a
pas eu peur d’occuper l’espace et de se donner
de la respiration. On se croirait dans le terminal d’un
pays latino-américain, pas à Gaza.
Le bâtiment est en très bon état, certains
locaux ont laissé la trace de l’occupant. Comme
ces locaux type couloir, avec des vitres qui permettent de
voir sans être vu et qui servaient à espionner
les comportements des personnes dans les différents
passages (contrôle de documents, salle d’attente,
contrôle de bagages, etc.). Pendant l’occupation
c’était exceptionnel que les Palestiniens soient
autorisés à passer. Le bâtiment est prêt
à être utilisé, nous avons eu la possibilité
de le parcourir et même de passer de l’autre coté,
celui ou attendaient les bus Egyptiens.
Cette frontière peut être ouverte n’importe
quand. Elle enferme dans ces murs l’espoir d’obtenir
un brin de souveraineté. Mais Israël, pour l’ouvrir,
préconise un contrôle vidéo israélien
et son administration par la communauté Européenne.
Conditions qui maintiennent Gaza dans
un bantoustan sous contrôle israélien.
Le village Rafi’akh Yam s’appelle le village
Suédois, parce que ses humbles maisons ont été
financées par une ONG Suédoise. Il est séparé
de l’Egypte par un mur de barbelés. Ces barbelés
s’enfoncent dans la mer. Un soldat égyptien armé
fait le gué sur la plage. On voit l’Egypte accomplir
la tâche de gardien de prison.
Nous pouvons voir, de l’autre coté de la barrière,
des maisons, des voitures, des chiens qui ont eu la chance
de naître quelque mètres plus loin. Dans ces
moments je sens l’insoutenable enfermement des Palestiniens.
D’une coté on est prisonnier, de l’autre
on est un citoyen libre.
Le mur de béton ou de barbelés
nous accompagne tout le long des frontières.
L’enfermement de Gaza est garantit aussi en mer par
des bateaux israéliens parsemés à environ
20 km de la côte et le ciel est surveillé par
des dirigeables, des hélicoptères. Récemment
Gaza a été survolé par des avions F16.
Ce qui fait éclater les vitres et terrorise la population.
Néanmoins la population peut circuler librement à
l’intérieur de Gaza, s’approprier le temps
de vivre. C’est sans doute un aspect positif du redéploiement
d’Israël. Le redéploiement d’Israël
a fait aussi la démonstration que les territoires peuvent
être libérés des colonies. Ce qui constitue
quand même un antécédent politique important.
Gaza, sans un contrôle de ses frontières,
de son espace aérien et maritime, de ses ressources
en eau, de son commerce extérieur et dépendante
des autorisations ou paiements de taxes pour la circulation
des personnes et des marchandises ne peut exercer aucune souveraineté
sur son territoire. Ce qui nous permet d’assimiler l’enferment
de Gaza à une volonté politique de bantoustanisation
de la Palestine.
Si l’Etat d’Israël avait accepté
de respecter la ligne verte de 1967 comme exigé par
la communauté internationale et respecté les
Conventions de Genève dont il est signataire, aurait-il
eu besoin d’évacuer des colonies?
>>
lire la suite: / destructions /
rapport de la 17e
mission civile
organisée par le Collectif
Urgence Palestine
octobre 2005
Photos: © Nicolas Bezençon
|